Dans un village voisin de la jungle de Nassédi, vivait un chef autoritaire. Un jour, il engagea une discussion avec l’araignée qui prétendait que la parole blesse plus que le couteau. Le chef, niant cette affirmation, soutenait que le couteau blesse plus que la parole. Devant l’entêtement de l’araignée, il fit venir ses valets qui la frappèrent. Elle rentre chez elle avec la ferme résolution de se venger.

            Une lune s’écoula. Pendant la seconde lune, l’araignée profita de l’absence du chef pour aller déposer des excréments sur son lit. Quand le chef revint, il trouva les déchets et, furieux, fit venir sa cour qui décida de convoquer tout le village, ce qui fut fait. Après le discours d’usage d’un notable contant la mésaventure du roi, l’araignée prit la parole. Elle affirma que son diable lui révélerait l’auteur de cet acte dégoûtant, rassura l’assistance et tous lui firent confiance.

            Mais elle avait, auparavant, placé son enfant, auquel elle avait fait la leçon, sur le plus haut baobab de la cour.

            Invisible dans son arbre, l’enfant commença l’oracle, criant les notables par ordre croissant d’importance : aucun d’entre eux n’était coupable. Le tour du chef arriva. La voix de l’oracle affirma alors que c’était lui le responsable des saletés.

            Tout confus, le chef se leva, pensant même au suicide. Les notables essayèrent bien de le consoler mais, honteux, celui-ci rentra seul, la tête basse, dans sa maison.