Télou était un chasseur réputé dans son pays. Sa femme s’appelait Tomsokivé. Elle ne l’aimait guère.

            Un jour, après une longue chasse comme il rentrait bredouille, il découvrit successivement un rat, une tortue et un pangolin qui lui dirent, chacun à leur tour : « ne me tue pas, emporte-moi et tu verras ce dont je suis capable. » le chasseur acquiesça au désir des animaux.

            A deux kilomètres de la maison, le rat lui dit : « je suis capable, la nuit de te faire entrer, sans être vu de personne, dans n’importe quelle maison. » la tortue continua : « je peux porter pour toi, sur ma bosse, une charge de vingt tonnes. » et le pangolin termina par ces mots : « je te donnerai l’herbe qui guérit de toutes les morsures de serpent. »

            La nuit suivante, le chasseur mit les animaux à l’épreuve. Facilement, Télou entra dans la maison du roi dont il vola toutes les richesses, richesses qu’il entassa sur le dos de la tortue. Revenue chez lui, il organisa une grande fête. Mais il avait commis l’erreur de tout raconter à sa femme qui courut, pendant la fête, informer le roi. Celui-ci fit arrêter le chasseur, le fit rouer de coups et le condamna à être pendu le lendemain matin.

Or pendant la nuit, la plus belle des femmes du roi fut mordue par un serpent venimeux. Herboristes, médecins, charlatans essayèrent, en vain, de la sauver. Alors, de sa prison, Télou annonça qu’il pouvait guérir la femme du roi, ceci à une seule condition : il lui fallait la tête d’un dénonciateur.

            Les policiers n’eurent pas à chercher longtemps : la femme du chasseur était là. Elle fut décapitée sans pitié. Télou prononça quelques incantations, appliqua les herbes de son pangolin et la malade fut guérie. Le roi garda le chasseur dans son palais, comme médecin particulier.

            Depuis lors, les « rapporteurs » ont disparu du royaume.