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Il était, une fois, un vieux chasseur. Il avait deux fils : Heyi et Kéléba. Le plus jeune, Kéléba, le suivait à la chasse. A L’approche de sa mort, le père appela le fils chasseur et confia un secret.

            « Mon enfant, je sens que je vais mourir. Mais je ne regrette rien car tu es devenu un homme et un chasseur adroit qui peut me remplacé valablement. Seulement, je te donne un dernier conseil qui te servira et que tu transmettras à tes enfants. Je te connais d’une bravoure et d’un courage incomparables ; je sais que tu peux faire face à tous les animaux, attention, mille fois attention. Je te défends malgré toutes tes qualités de pénétrer dans la forêt qui se trouve de l’autre côté de la rivière. »

            Peu de temps après, le père mourut sans avoir expliqué davantage pourquoi il avait interdit à son enfant de s’aventurer dans cette forêt. Un secret et la parole d’un sage devait toujours, en principe être respectée.

            Kéléba continua, bon an, mal an, le métier de son père. Un jour, la chasse fut très mauvaise. Kéléba ne tua aucun gibier. Pas souci de rapporter quelque chose à la maison, il négligea le conseil ; il ne respecta pas la volonté de son père et s’aventura dans la forêt interdite. Alors, il vit deux lionceaux tout beaux. Il les contourna doucement, les saisit et les tua. Mais, contrairement à toute attente, il les dépouilla et n’emporta que les deux peaux sous son toit. Quand la mère lionne revint avec la nourriture, elle ne trouva à la place de ses deux enfants que deux cadavres dépouillés. Elle pleura longuement, mais reprit très vite courage et jura de retrouver à tout prix, le meurtrier de ses enfants. Là-dessus elle se transforma en une belle, jeune et très séduisante fille et partit à la recherche de l’assassin de ses enfants. Au cours de voyage, elle dépassa des cultivateurs en train de travailler dans leur champ. Séduit par cette belle créature, ceux-ci cessèrent de cultiver pour l’admirer avec envie ; tant elle était belle ! Ils lui demandèrent amitié en lui laissant le soin de choisir celui qui lui plaisait. Flattée, elle planta la canne dorée qu’elle tenait sur un sillon et dit : « celui qui frappera cette canne avec un seul caillou à partit du point où il se trouve sera mon mari ».

            Tous les hommes essayèrent mais, personne ne réussit à toucher la canne de la Belle. Elle reprit sa route et passa devant plusieurs groupes de travailleurs. A chaque fois, le scénario recommençait et, toutes les fois elle repartait toujours gagnante. Elle arriva au dernier groupe des travailleurs parmi lesquels se trouvait Kéléba, le chasseur qui avait écorché les lionceaux. De nouveaux, la fille posa sa canne et fit comme les fois précédentes. Tous les hommes tentèrent leur chance sauf Kéléba qui ne voulait pas. Comme personne ne réussit à toucher la canne, ses camarades, l’obligèrent à lancer son caillou. Avec négligence, il lança le caillou de manière à dépasser la canne. Le caillou, après avoir effectivement dépassé la canne. Le caillou, après avoir effectivement dépassé la cible, fit demi-tour et vint la frapper de plein fouet. Inouï, non ? La fille poussa un cri de joie, ‘’voila mon mari’’.

            Le cœur gros, Kéléba laissa son sillon et vint enlacer sa femme qu’il conduisit à la maison. Ils vécurent plusieurs mois sans histoire. Un jour, la femme demanda à son mari : « mon chéri comme tu es bon chasseur et vas souvent en brousse, dis-moi, si un jour il t’arrivait d’être en danger devant un animal féroce, que ferais-tu ?

            Kéléba, indiscret et sans retenue, avoua à sa femme qu’il deviendrait du vent. Encouragée, celle-ci continua : « et si ton ennemi devenait aussi du vent ? » Imperturbable, il répondit qu’il redeviendrait in caillou. Il allait continuer à dévoiler tout son secret lorsque son frère Heyi le stoppa.

            « Frère, pourquoi dévoiles-tu tous tes secrets à une femme que tu connais à peine ? »

            Là-dessus, il se tut et la femme ne put savoir le reste.

Un matin, la femme lui proposa de l’accompagner chez elle pour connaître sa famille et l’endroit om elle habitait. Ils partirent… lorsqu’il arrivèrent a l’orée du bois, elle lui demanda s’il connaissait le lieu. Il dit qu’il y venait souvent avec son père chasser. Ils marchèrent encore longtemps et lorsqu’ils arrivèrent à l’endroit où les lionceaux avaient été tués, elle lui demanda de nouveau s’il y était déjà venu. A peine avait-il commencé à répondre qu’elle changea de visage. La jeune femme devint une lionne et se précipita sur le chasseur en disant : « c’est toi qui as tué mes enfants. Tu vas me le payer ». Le chasseur se transforma en vent. La lionne l’imita. Il mua en caillou, la lionne le suivit ; alors le chasseur prit la forme d’une aiguille à coudre et se perdit dans les herbes. La lionne ne savait plus ce qu’il était devenu puisque, sur l’intervention de son beau-frère, son soi-disant mari ne lui sans être vu de la lionne.

            A qui le chasseur doit-il la vie ? A son frère bien sûr sans lui, il aurait révélé à la femme qu’il aimait ce dont il était capable.

Moralité : les conseils des sages devraient être respectés car ils sont l’émanation d’une somme d’expériences. La sincérité est sans doute une vertu, mais toute vérité n’est pas bonne à dire. Aussi la nécessaire réserve des hommes envers leurs femmes ne date-t-elle pas d’aujourd’hui. Au fait, pourquoi cette retenue alors qu’on s’aime et qu’on s’est lié pour le meilleur et le pire ? Serait-ce parce ue la femme dévoile tout lorsqu’elle se fâche ?…

One thought on “Heyi et keliba (Togolese folktale)

  1. Cette histoire nous rappelle que les conseils sages ne sont pas donnés au hasard et que la confiance exige de la prudence.
    Parfois, le silence sauve la vie, tandis que des paroles imprudentes peuvent être fatales.

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