
Il était une fois deux amis : le Lièvre et l’Agouti, deux amis inséparables qui se confiaient tout et faisaient des projets communs. Ils étaient si liés qu’ils mangeaient toujours ensembles.
Mais un jour, la femme du Lièvre eut une idée macabre. Elle proposa à son mari de tuer l’Agouti sous prétexte que ce dernier n’était pas sincère avec lui.
« Femme, quelle idée sordide ? Tuer mon meilleur ami ? Tu fais des blagues n’est-ce pas ? » Rétorqua le Lièvre.
Elle ne dit plus mot, visiblement contrariée. Alors, le Lièvre reprit : « l’Agouti est mon ami le plus sincère et de surcroît le plus dévoué. Je ne peux pas comprendre ta demande. Sais-tu au moins ce que cela représente ? Tuer quelqu’un pour rien ? Non, je ne puis l’accepter, conclut-il.
Sa femme, très en colère explosa : tu oses me refuser cela ? Toi que j’ai toujours comme un bon mari. Comment peux-tu refuser ce que je te demande ? Quand tu sauras que ton ami n’est pas sincère ? Avec tout ce qu’il raconte sur toi ! Il va te dénigrer auprès de sa femme. De plus il ne cesse, à longueur de journée de tourner autour de moi ! Ton ami est un traître. Il fait semblant de t’aimer mais en réalité, il se moque de toi. Il est prêt à te tuer pour me posséder. A toi de prendre tes responsabilités.
Le lièvre qui faisait beaucoup confiance à son épouse n’en croyait pas ses oreilles. Ainsi, l’Agouti son meilleur ami, courtisait sa femme et cherchait à lui faire du mal. Les paroles qu’il venait d’entendre résonnaient encore dans ses oreilles. Il réalisait comment, pendant des années, il avait tout partagé avec celui qu’il croyait être son ami le plus intime. Qui sait s’il n’avait pas déjà couché avec ma femme, se dit-il ! ‘’ Les femmes avouent facilement qu’un tel a voulu leur faire la cour ais jamais qu’il a couché avec elles. ‘’
A cette réflexion, le sang du Lièvre ne fit qu’un tour dans ses veines et il s’écria : « suis-je donc bête de croire en la sincérité de l’Agouti ? Pourquoi a-t-il osé me faire cela ? D’accord, » fit-il à l’adresse de son épouse. ‘’Nous allons le tuer. Il a trahi ma confiance et il doit payer. Préparons-lui un guet-apens. Je me ferai passer pour mort et tu l’informeras discrètement du malheur qui t’est arrivé. Dès qu’il entrera dans le vestibule, tu fermeras les trous. Ainsi, je lui assénerai un coup de gourdin sur la tête. Tu l’extermineras en le plongeant dans l’eau bouillante. Personne ne saura ce qui c’est passé. Il l’aura mérité ; car c’est ainsi que sont payés les traîtres. ‘’
La mise en scène commença aussitôt. Le lièvre s’étala par terre et fit le mort. Sa femme lui recouvrit le corps et se mit à pleurer. Un enfant alla avertir l’Agouti que son ami, le lièvre ne vivait plus. Celui-ci abasourdi, accourut chez le lièvre dont ‘’ le cadavre’’ gisait par terre.
Pendant qu’il s’évertuait à apaiser la femme du Lièvre et lui demandait ce qui était arrivé a son mari, celui-ci se releva, menaçant son ami avec un gourdin.
Ce dernier, croyant à un fantôme en colère, voulut prendre ses jambes à son cou. Mais, les portes étaient fermées. Il se faufila entre les chaises. Dans le noir, le lièvre ne put reconnaître sa femme qui, dans le remue-ménage, avait buté contre un tabouret et s’était non loin de la cachette de l’Agouti. Le gourdin du Lièvre s’abattit sur son crâne. Un cri et ce fut tout. Grièvement atteinte, elle perdait abondamment du sang. Très vite, le Lièvre comprit qu’il venait de massacrer sa femme au lieu de son ami. Ahuri, il lâcha le gourdin et cria au secours.
Son fils, qui avait assisté à la tragédie, s’affaira autour de la moribonde. Ce fut avec peine que cette dernière put avouer le dessein qui l’animait et qui l’avait conduite à cette manigance contre l’ami de son mari qu’elle avait couvert de calomnie. ‘’En vérité dit-elle l’Agouti n’avait jamais pensé du mal de toi. Il n’avait jamais eu l’idée ni de me courir ni de te tuer. C’était plutôt moi qui avais cherché, en vain à conquérir son cœur. Mais, c’est à peine s »il faisait attention à mes avances. N’étais-je pas digne de lui ? Son refus équivalait pour moi à une insulte, à un déshonneur. Depuis, j’avais fini par le détester jusqu’à lui en vouloir à mort.’’ Elle tomba à nouveau évanouie. Elle fut transportée chez le guérisseur du village.
Le lièvre, pris de remords d’avoir failli tuer son meilleur ami sur simple caprice ou jalousie de sa femme qui avait voulu le tromper, était là, pensif. Les révélations de son épouse l’avaient rendu perplexe. Beaucoup de questions défilèrent dans son esprit. S’il avait réussi à tuer son ami ? Et si sa femme ne se remettait pas de sa blessure ? Si elle s’en remettait, allait-il la garder comme épouse après ce qu’elle a avoué ? Qu’à cela ne tienne ! Dès qu’elle a avoué ? Que cela ne tienne ! Dès qu’elle aura recouvré sa santé, il la répudiera, dare-dare.
Pendant que le Lièvre était perdu dans ses réflexions, l’Agouti s’enfuit par un trou qui n’avait pas été fermé. Car, rien n’était pire pour lui que de vivre dans la suspicion. Il fallait laisser la femme de son ami dans ses chimères. Quoiqu’il voulût rester avec celui-ci pendant ces moments difficiles, il préféra s’en aller, de peur d’aggraver la situation.
Il n’est permis d’ôter la vie à son prochain. De surcroit par égoïsme. La nature a ses lois et châtie, dans sa justice, ceux qui les enfreignent.
Moralité : qui tend un filet à son voisin y tombe le premier
One thought on “LE LIEVRE ET L’AGOUTI (village de zowla)”
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Une accusation infondée peut tout détruire – l’amitié, la famille, la confiance.
Et le mal conçu contre les autres se retourne souvent contre nous-mêmes.