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Jadis, vivait dans un village une femme au nom de Manyusiba. Elle n’avait jamais eu d’enfant. Elle était atteinte d’une stérilité qui durait déjà trop longtemps. Un jour, un ami proposa à son mari de la conduire chez le « TUI » du village. Celui-ci était réputé dans le milieu pour ses miracles et pour l’efficacité de ses médicaments.

            Le charlatan-guérisseur consulta la patiente, lui prescrit des écorces d’arbres et lui ordonna un régime pour une durée de trois mois.

            Au bout des trois mois, si le bon Dieu le voulait, elle pourrait retrouver sa fécondité, avait-il dit au mari. En effet, selon le charlatan, cette stérilité était du fait des esprits malfaisants qui, dès sa naissance, avaient voulu la priver de descendance. Ces mauvais esprits étaient les diables d’un membré de sa famille et il fallait les conjurer afin qu’elle pût retrouver sa fécondité.

            Manyusiba suivit avec courage, détermination et espoir ce traitement qui comportait beaucoup d’interdits. Puis, à l’issue du délai, elle fut effectivement enceinte. Toute heureuse, elle revint avec son mari chez le charlatan qui, après une nouvelle consultation, confirma l’êtat de grossesse. Il prédit même qu’elle accoucherait d’une fillette et que cette enfant, une fois à l’âge de dix ans, devait être immolée en l’honneur de Dieu « Eso ». Sinon, tous les enfants qu’elle mettrait au monde par la suite mourraient tous à l’âge de dix ans. Ce sacrifice, qu’elle devait consentir, était un signe de reconnaissance à Dieu pour lui avoir donné la fécondité. Le couple réfléchit au problème et accepta d’offrir son premier enfant à Dieu afin que d’autre qui naîtront puissent survivre.

            Neuf mois plus tard, Manyusiba accoucha effectivement d’une fillette, d’une très jolie fillette à qui elle et son époux, donnèrent le prénom Essodina. Elle était tellement belle que tous es hommes du village voulurent demander sa main pour leurs fils. Mais, les parents de celle-ci refusèrent car leur enfant appartenait à Dieu et ne pouvait devenir la femme d’aucun homme.

            Lorsqu’elle eut ses dix ans, Manyusiba et son mari décidèrent de l’amener au charlatan pour le sacrifice. Ce jour-là, elle fut parée par sa mère comme pour les grands jours. Elle portait ses plus beaux habits et de très précieux bijoux. Ils arrivèrent chez le charlatan qui les conduisit à l’orée du bois où le sacrifice devait avoir lieu. Un bûcher fut allumé sous un gros baobab, arbre de sacrifice. Quand le moment de mettre la fillette sur le bûcher vint, le charlatan demanda aux parents de se prosterner pour prier.

            Alors, l’incroyable se produisit. Au moment où le guérisseur se saisissait de la jeune fille, la foudre accompagnée d’éclair, déchira le ciel et s’abattit sur le baobab qui se fendit. Le bruit fut si assourdissant et si inattendu que le charlatan lâcha prise et s’agenouilla à son tour se couvrant le visage de ses deux mains. La fille, quant à elle, chancela et s’accrocha à un arbuste. Tandis que les parents étaient tous allongés face contre terre. Pendant une minute, tous, pétrifiés, restèrent sans parole.

            Comme dans un rêve, ils entendirent une voix mystérieuse donner des ordres. Er au même moment, un mouton blanc, un coq blanc, une main invisible tenant une grosse calebasse pleine de farine de mil et une tête invisible portant un pot rempli de bière de mil sortirent de la fente du baobab. La voix disait en substance : « homme éprouvé, retourne chez toi avec ta femme et ta fille à qui je donne un e longue vie ». La voix mystérieuse poursuivait : « avant de rentrer au village, tu vas tuer ce mouton et cette poule à la place de ta fille et verser leur sang sur le tronc de l’arbre de sacrifice qui devient ainsi ton fétiche. Ta femme préparera la pâte avec cette farine, et la viande de ces animaux. Vous consommerez tout ce repas arrosé de la boisson qui se trouve dans le pot après en avoir déposé sous le fétiche. N’emporte à la maison que la tête du mouton que tu suspendras au toit du vestibule. Et pour chaque anniversaire, tu apporteras, une chèvre ou un mouton de ton troupeau, une poule de ta basse-cour, la farine de ton grain et la boisson de mil que préparera ta femme pour ce sacrifice. Et tu dois le transmettre à toute ta descendance ».

            Ainsi, un culte était né. Ce fut avec joie et empressement que le couple, la fille et le charlatan exécutèrent l’ordre divin. Ils ne revinrent au village qu’à la nuit tombante.

            A chaque anniversaire, le couple retournait avec la fille sur les lieux pour le sacrifice suivi de prières. Esodina eut beaucoup de petit frères et sœurs. A dix huit ans, elle fut initiée  « akpen » et accepta d’épouser le fils du charlatan-guérisseur. Tous deux ils vécurent très longtemps. Tous leurs souhaits furent comblés. Ils eurent douze enfants, cinq filles, sept garçons qui menèrent eux aussi une bonne existence. Quant à leurs parents, Manyusiba et son époux, ils moururent très vieux.

            Depuis cette génération, la forêt où se déroulaient ces sacrifices devint une forêt sacrée, un lieu de recueillement et de prière. Et le baobab, arbre de sacrifice, devint aussi un arbre recherché dans toute la communauté. Et chaque descendance dans ses déplacements, emportait avec elle des grains du baobab et les emportait avec elle des grains du baobab et les faisait pousser tout autour de l’habitation. C’est pourquoi aujourd’hui, le baobab est répandu dans tout le pays kabiyé. La vue des baobabs à certains endroits suppose que les gens y avaient habité à une époque reculée. Et, réellement, l’on constate de nos jours que la plupart des lieux sacrés où résident les divinités et où vont encore faire des sacrifices les sages du pays, sont entourés e géant et gros baobabs.

Moralité : la droiture, l’honnêteté, la foi et l’humilité son des vertus qui conduisent ver la réussite et le bonheur.