
Il était une fois, Yao et Apelete deux amis. Mariés, ils vivaient dans une parfaite entente comme de vrais frères. Tout allait très bien et la vie était facile. Brusquement, survint une terrible famine. Plus un grain de mil ou de sorgho. Que faire ? Vite, il fallait trouver quelque chose sinon…
Yao, chasseur réputé pris son fusil et partit en brousse. Toute la journée, il ne tua aucun gibier. Même pas un oiseau ni une souris. Mais, comme Dieu vient toujours au secours des gens honnête Yao arriva à un arbre à cajou (genre d’anacardier) portant des fruits mûrs, aux amandes tendres. Quelle veine ! Il monta dans l’arbre, cueilli des fruits en mangea suffisamment et rempli sa gibecière pour sa famille. A la vue de ce cadeau du ciel, ces enfants exultèrent en se précipitant vers lui.
Les cris de joie des enfants de Yao éveillèrent l’attention d’Apelete qui se dit intérieurement : « mon frère a certainement ramené quelque chose de la chasse ». Aussi, dit il a Akoua, sa femme : « va voir ce que Yao a ramené de la chasse et vient me dit ». Celle-ci ne se fit pas priée. Elle courut chez Yao sous prétexte de chercher du feu. A son arrivée, elle ne vit rien mais elle constata tout de même que toute la famille de Yao était joyeuse. Elle prit du feu et sortit. Redoutant les coups de son mari Apelete si jamais elle rentrait sans avoir su ce qui se passait réellement chez Yao, elle éteignit le feu et revint sur ces pas : « vous voyez, j’ai trébuché sur une pierre et le feu s’est éteint ». Mais, la femme de Yao n’était pas dupe elle avait compris ce que voulait sa belle-sœur. Aussi, lui donnât Elle une poignée d’amande qu’elle s’éleva sur la réserve du lendemain tout en la sommant de ne pas le relevé à Apelete. Celle-ci, à la vue des amandes, demeura hypnotisée. Elle remercia longtemps la femme de Yao et, oubliant le feu, se précipita hors de la concession. Elle aurait voulu ramener le cadeau à la maison mais, connaissant son mari qui pourrait tout lui arracher, elle préféra en mangé une partie et caché le reste sous ses ongles pour ces enfant. A sa vue, Apelete qui, jusque-là, attendait impatiemment son retour, vociféra.
« Diable ! Que faisais-tu depuis si longtemps ? Tu n’as rien ramené à tes enfants, je présume ? Montre-moi tes mains ! Tu as tout mangé hein ! Avoue que mon frère t’a donné quelque chose que tu as tout mangé. »
Tout en gueula, Apelete rossa correctement sa femme qu’il traita de tous les noms. Elle dut lui montré les amandes qu’elle avait cachées. Il les arracha de ses mains, monta dans le grenier avec afin, dit-il, de les faire bénit par les divinités. Une fois dans le grenier, Yao mangea rapidement les amandes et après s’être convenablement léché les doigts, se mit à cogner la tête contre le mur du grenier et à crier au secours. « Venez vite, je vais mourir, au secours ma chère Akoua. Viens vite… » Entendant les cris de son mari, elle attrapa l’échelle et courut vers le grenier, suivie de ses enfants afin de l’aider à descendre. Il en descendit gémissant, titubant et maugréant : « ils m’ont eu, ces ancêtre ! Ne savent-ils pas qu’il y a la famine ? Ils mangent tout et ils me rouent de coups parce qu’ils n’en ont pas assez. Qu’ai-je fait, moi ? »
Akoua, prise plus de pitié que de haine, fit asseoir son mari, lui appliqua de l’onguent sur le corps, implora Agovodou (divinités) de lui pardonner sa faute et de le protéger. Yao s’endormit aussitôt.
Le soir, Akoua alla voir son frère Apelete pour lu tirer les vers du nez.
« Mon frère Yao, tu as de la veine toi ! Ou as-tu trouvé des amandes de cajou par ces temps ? Pourras-tu m’y amener ? »
« Apelete te connaissant, tu vas alerter les gens par ton comportement. Je ne peux t’y amener » répondit celui-ci.
« Si ! Tu vas m’y amener sinon, je vais le crier à tout le village » menaça Apelete.
Ainsi, par des menaces, Apelete réussit à contraindre son frère qui accepta de l’amener à l’aube à l’arbre à cajou. Toute la nuit, Apelete n’eut que des cauchemars. Tant il pensait à cet arbre et à la fête qu’il ferait !
L’aube arriva enfin et Yao conduisit son frère à l’arbre. Apelete ne put se maitriser à la vue des fruits. Il s’écria « Oh ! Oh ! Quelle merveille ! Dieu du ciel ! » Puis, se tournant vers Yao, il explosa : « tu n’es pas gentil toi ! Tu me caches tout ceci alors que je suis ton frère. Hein ! » Yao le calma en lui faisant comprendre qu’il risquait, par ses cris, d’alerter les passants. Ils cueillirent tous les deux une quantité suffisante de fruits pour la journée et revinrent en famille ou ils se régalèrent avec leurs femmes et enfants.
Le lendemain à l’aube, Apelete alla réveiller Yao pour retourner à l’arbre. Celui-ci refusa et recommanda la parcimonie en ces temps de disette. Apelete s’inclina mais décida de jouer un sale tour à son frère. C’est ainsi que, pendant la nuit suivante, il alla planter une flèche, la pointe en l’air, sur le perron que Yao empruntait en sortant de sa case. Puis, il cria : « Yao, vite, au voleur ! » Yao se précipita, nu, hors de la case et en enjambant le perron, la flèche le blessa aux testicules. La blessure était telle que Yao ne pouvait que garder le lit.
Sous prétexte que Yao était malade, et qu’il devait lui apporter à manger, Apelete retourna seul au champ. Il monta sur l’arbre et commença à remplir ses sacs. Soudain, il entendit un bruit. Il tendit l’oreille et écarquilla les yeux. Alors, il vit surgir d’un buisson un gros hérisson en quête des fourmis. Apelete abandonna la cueillette et lestement, descendit de l’arbre en se gardant de faire le moindre bruit qui ferait fuir l’animal.
A peine avait-il mis pieds à terre que le hérisson rentrât dans la fente d’un arbre. Apelete plongea sa main dans la fente de l’arbre pour saisir le hérisson. Celui-ci, conscient du danger, se roula en boule et hérissa ses piquants. La main d’Apelete fut ainsi coincée et blessée par les piquants du mammifère. Apelete cria, gesticula et même pissa dans son cache sexe. Tant ca faisait mal. Rien à faire ! Apelete se mit à se confesser, « c’est moi qui ai enfoncé une flèche et c’est moi qui ai crié au voleur, juste pour que Yao sorte et se blesse. Oh ! Quel mal ai-je fais là ! Pitié ciel ! »
Apelete avouait ses crimes et s’en repentait lorsque le singe vint à passer. Ayant tout entendu, il alla informer Yao qui le lendemain, fit un effort pour venir délivrer son frère du supplice. Tout honteux, Apelete balbutia : celui-ci fit semblant de n’avoir rien entendu et ne dit mot. Et en silence, ils rentrèrent ensemble à la maison, les mains vides.
Car, pendant qu’Apelete criait et appelait au secours, une bande de curieux affamés avaient découvert le pot-aux-roses. Apelete s’est comporte en flemmard, malfaiteur, convoiteux et escroc. Et il a été puni pour toutes ses attitudes répréhensibles car le hérisson ici n’est que la transformation de la déesse qui punit les personnes au mauvais comportement.
Moralité : il ne faut pas mentir, être malhonnête, faire du mal, et jouer au mali avec les autres car tout se paie ici-bas.
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